3 ans de vie en container autonome, le bilan.

Retour sur l’expérience de vie en container autonome. Qu’est-ce qui marche et ne marche pas. Qu’est-ce que je changerais…

– Petit rappel :

Je débarque sur le terrain le 7 juin 2020. Le container est livré vide. Je vis dans un sac de couchage sur le chantier jusqu’à mon emménagement en décembre 2020. L’ensemble de la construction est réalisée sans raccordement réseau en totale autonomie. Le mode d’isolation et de construction n’a pas été testé en amont.

Les réponses avec 3 ans de recul :

Container ou tiny-house?

Définitivement container. La résistance aux aléas climatiques violents et la cohérence structurelle sont supérieures. Le container est plus facile à déplacer et on trouve plus d’entreprises spécialisées. L’acier Corten demande peu d’entretien et son épaisseur minimum est de 2,5mm. Le poids est aussi intéressant, je ne suis pas limité à 3,5t mais à 28t. Quand vous êtes sous un orage de grêle violent dans un container, votre seule préoccupation c’est de monter le son de l’ordinateur pour continuer à suivre le film.

Le prix ?

En comptant tout, du terrassement à la plaque de cuisson, j’en suis à un peu moins de 12000 euros. Avec l’inflation, je pense qu’il faut compter actuellement 15 à 18000 euros.

L’isolation ?

Le point le plus critique de l’habitat container. Après pas mal d’essais et de tests voici où j’en suis :

• Tôle nue intérieure et extérieure.
• Lame d’air de 25mm au creux de l’onde mur et plafond.
• Ventilation de la lame d’air minimum avec perçage au 4 coins bas du container en 40mm et 5 exutoires de 50mm en toiture.
• Abandon de la ventilation mécanique forcée de la lame d’air.
• Isolant biofib trio 100mm.
• Mur en osb3 épaisseur 12mm.

Voici ce que j’aimerais tester en vue d’améliorer le système :

• Augmenter la lame d’air du plafond à 5 cm.
• Remplacer le biofib trio malgré sa grande efficacité par du biofib chanvre.
• Remplacer l’osb 3 par de l’osb 4 avec possible ajout de pare vapeur derrière l’osb.

L’humidité ?

Je n’ai jamais disposé de VMC à l’intérieur de l’habitat. Je n’ai relevé que de très rare cas de moisissures. Visiblement le facteur le plus important en augmentation d’hygromètrie reste la douche et vu que j’ai pris l’habitude de me laver dehors ça doit jouer. Quoiqu’il en soit mes relevés d’humidités moyens en hiver sont de 45 à 55% et 50 à 70% en été. Paradoxalement l’humidité est plus facile à gérer en hiver.

Côté habitat en tôle avec absence de perspirance, j’ai pu remarquer la présence d’humidité sur la tôle du toit en plein hiver. L’isolant en toiture encaisse bien, est peu humide et il conserve son aspect neuf.

L’isolation de toit est le point critique, les murs ne posent aucun problème. L’ajout d’un isolant projeté sur la partie intérieure du toit semble être une piste intéressante.

L’autonomie électrique ?

En dehors des périodes de neige intense, je suis très satisfait de mon installation photovoltaïque.

Pour un coup total de 1500 euros, je dispose de :

• 2 panneaux mono-crystallin pour un total de 680w.
• 2 contrôleurs mppt ( Victron et Steca ).
• 1 batterie 12v 150Ah AGM plomb carbone.
• 1 convertisseur 12v > 230 v pur sinus 350w.

Avec tout ça , je fais fonctionner : un téléphone, un ordinateur, un frigo, une platine vinyl, l’éclairage, un chargeur batterie 18V Makita.

L’astuce c’est de brancher le frigo sur un minuteur pour qu’il ne s’allume qu’aux heures avec le plus d’ensoleillement pour économiser la batterie.

L’ensemble de mon éclairage est en 12V et mes prises électriques sont en 230V. Je garde une prise allume-cigare en 12V en cas de panne du convertisseur.

Pour un pilotage efficace de l’installation je recommande un régulateur mppt Steca ou Western Co, ils communiquent plus d’informations par le biais de leur cadran.

L’autonomie en eau ?

Le filtre Katadyn ne m’a jamais pris en défaut.

Pour des raisons de simplicité je n’ai pas installé de pompe électrique. Je dispose d’une pompe à pied sous l’évier.

Coût de la vie :

J’ai estimé le coût entretien, chauffage, énergie, remplacement batterie à 30 euros par mois.

La consommation de gaz est d’environ 1 bombonne de 13kg par an. Le chauffage bois quant à lui est de 60 euros par an.

La durée de vie des filtres du Katadyn Ceradyn est de 70 ans à raison de 10L d’eau filtrée par jour.

Vivre dans 12m2 ?

Investir dans un container High Cube malgré le tarif élevé était la bonne idée. La grande hauteur sous plafond m’a permis de caser un lit mezzanine et d’exploiter au mieux l’espace. Dans mon occupation de l’habitat, je pense que la surface est adaptée pour 1 voire 2 personnes maximum.

Et l’été?

J’ai fait exprès de garder une façade dépourvue de fenêtres orientée plein sud. Il est toujours plus facile de chauffer que de refroidir. Je vis à 800m d’altitude en Auvergne. Pour les étés 2021, 2022, 2023 mon record de température intérieure est de 26,5°c. Le déphasage de l’isolant me permet de redescendre à 20°c le matin. Pour des régions plus méridionales l’ajout d’une arrivée d’air refroidi comme un puits canadien me semble nécessaire.

L’hiver?

Le premier hiver a été critique avec l’utilisation d’un poêle du commerce inadapté. D’où la fabrication de mes multiples poêles à bois.

Je fais 2 chauffes par jour en plein hiver avec un Nemo. Une le matin de 10 à 11H et une le soir de 17 à 19H. Quand il fait -5°c dehors la température sur la journée oscille entre 16 et 25°c .

Si c’était à refaire?

Je reprendrai le même concept mais cette fois ci avec un container Dry High Cube de 45 pieds au lieu du 20 actuel.